" Avec ce récit à corps et (parfois) à cris, Alice Barraud a trouvé le ton juste pour transmettre son expérience tragique. Elle est magnifique "
TTT - TELERAMA. Emmanuelle Bouchez
Ce spectacle est un fragment de vie, le témoignage d’une reconstruction.
Alice, acrobate-voltigeuse (Les Dodos, Piano sur le fil...), est touchée au bras lors des attentats de novembre 2015. Durant ses années d’hôpital, de centre de rééducation, de psychothérapie et d’expertises médicales, elle n’a cessé de noter ses réflexions, de poétiser ses doutes, ses maux et ses combats dans des carnets devenus le défouloir de ce qu’elle ne pouvait alors dire tout haut. Elle a écrit en attendant les jours meilleurs où elle se sentirait la force d’en faire un spectacle, de transcender son vécu pour faire naitre la beauté et les rires du chaos, de transmuter la boue de son histoire personnelle en une eau plus lumineuse qui puisse se partager avec chacun.
Elle s’est entourée de Raphaël de Pressigny (Feu ! Chatterton) et de ses instruments pour nous conter en corps, en mots et en musique les dernières années de sa vie, habitées par le rêve et le combat de reprendre son métier de voltigeuse et de retrouver « la justesse de quand tout se passe bien ». Cet étrange duo nous prend par la main et nous mène dans ces endroits où il est difficile de poser le regard, dans les ramifications les plus contradictoires d’une reconstruction : la danse explosive des douleurs et colères inévitables, le burlesque trouvé dans une chambre d’hôpital, la folie et la paranoïa qui parfois submergent, la difficile et douce intégration d’un handicap, l’imaginaire nécessaire pour retrouver l’envol...
Ce qui est ici mis en scène l’a été avec la volonté de dresser fidèlement le tableau d’un vécu post-traumatique sans jamais laisser le pathos et l’horreur prendre le devant de la scène, en s’autorisant a rire et à célébrer poétiquement chaque victoire.
Nous devons accepter notre existence aussi largement qu’il se peut ; tout, même l’inouïe, doit y être possible. C’est au fond le seul courage que l’on exige de nous : être courageux envers ce qui, venant à nous, est le plus bizarre, le plus étonnant, le moins éclaircissable.
Rainer Maria Rilke